J’avais l’habitude chaque année sur instagram de faire une sélection pour les fêtes de Noël. Il y a plein de livres qui sortent en amont de cette période et on trouve toujours des petites pépites.
Cette année, je voulais aller plus loin et tester les recettes de ces livres.
Il y a 12 livres en tout que j’ai eu l’opportunité de lire et de cuisiner.
Je vous parlerai bien sûr aussi de ceux qui me donnent envie, mais que je n’ai pas pu me procurer.
Mon avis reste subjectif, j’aime des livres très différents, je suis sensible aux recettes bien sûr, mais également aux contenus en dehors des recettes, je suis aussi attentive aux photos et à l’esthétique en général. Je ne suis pas une très grande fan des livres de chefs considérés comme grands dans le monde culinaire 🙃, par exemple Yannick Alleno (c’est le premier qui me vient en tête, je ne sais pas pourquoi 🤷🏻♀️). Par ailleurs, je ne suis même pas sûre qu’ils écrivent eux-même leurs livres. J’aime les récits, les histoires autour de la cuisine, les recettes qui donnent envie, pas trop compliquées, et qui créent de l’imagination.
C’est parti pour cette première édition 😋
Là où le riz sent bon les fleurs de manguier
Mes recettes familiales du sud-ouest de l’Inde
Zuri Camille de Souza - Aux éditions Ulmer



J’ai plusieurs livres sur la cuisine indienne, j’ai déjà parlé de Dishoom sur l’ancien blog de Kantine. J’ai également un très bon livre sur les currys, que je rangerais plutôt dans la partie livre de cuisine technique.
Celui-ci est différent, il a une identité singulière, on a la sensation que l’autrice nous dévoile une partie d’elle à travers un récit très personnel. La cuisine est le fil conducteur d’une forme d’introspection.
J’ai découvert en lisant plusieurs interviews qu’elle construisait ses recettes en fonction du paysage qui l’entoure, elle semble porter une attention particulière à l’écologie et à la manière dont on se nourrit. Zuri Camille est née en Inde à Goa, elle suit des études d’Human Ecology dans le Maine aux États-Unis avant de revenir vivre à Bombay en Inde, puis sur l’ile de Lesbos où elle crée un jardin partagé et une maison d’édition, et enfin de débarquer à Marseille pour démarrer sa carrière de cheffe.
Le titre vient d’un plat que sa grand-mère préparait, un plat spécial de sa région d’origine. Pour elle, les grands chefs sont surtout les femmes qui cuisinent à la maison, un travail peu valorisé, un travail à temps plein qui dure souvent toute la vie (je suis assez d’accord 🙃).



Sa cuisine est végétale, saisonnière et locale.
Le sommaire est très simple, on retrouve les petits-déjeuners, les repas sur le pouce, les pains, les légumes, les curry et dal, le masala, le riz, les accompagnements, les desserts et les boissons. A la fin, il y a quelques annexes sur les techniques, les ingrédients et des idées de menus (très intéressants).
Dès les premières pages, on se retrouve très vite immergé dans un univers doux, coloré, poétique mais aussi familial avec des photos de sa propre famille.
“L’idée de travailler sur un livre est née du désir de comprendre et célébrer mon héritage, et de transporter dans ma cuisine - l’écriture n’est que le début de cette exploration […] à la fois critique et profondément respectueuse de mes racines culturelles, je me demande comment honorer ces origines galvaudées depuis si longtemps - en Inde comme ailleurs - sans pour autant renier leur complexité politique.”
“J’étais particulièrement aux anges les jours où Chetant, un camarade de classe, apportait des akki roti (des galettes à la farine de riz) et du gojju de tomates préparés par sa mère. S’il n’appréciait guère les galettes, je les adorais, et nous troquions avec enthousiasme des déjeuners entiers.”
Extraits du livre.
L’objet est très beau (enfin je trouve). Il y a eu une attention particulière au design.
J’ai choisi 2 recettes qui me faisaient envie :
Riz basmati au lait de coco
Kothimbir wadi accompagnés de chutney à la menthe
La première a été facile à réaliser, validée par mes convives lors d’un repas, j’étais assez fière de présenter ce riz jaune et réconfortant. La seconde est plus délicate puisqu’il faut vraiment aimer la coriandre, j’adore ça, j’étais ravie de découvrir cet en-cas ! Très simple à confectionner et c’est délicieux avec le chutney à la menthe.

RECETTE
Riz basmati au lait de coco
Pour 4 personnes - Cuisson 20 min.
Ingrédients :
250 g de riz basmati
2 càs d’huile de coco
1 càs de curcuma
Une gousse entière de cardamome noire
250 g de lait de coco
500 ml d’eau
Sel et poivre
Rincer le riz à l’eau froide jusqu’à ce que l’eau soit claire.
Faire chauffer l’huile quelques minutes sur feu vif dans une cocotte. Ajouter le curcuma, la cardamome noire, le sel et le poivre et faire frire pendant quelques minutes jusqu’à ce que la poudre de curcuma prenne une couleur dorée. Ajouter le riz rincé et égoutté et remuer jusqu’à ce qu’il devienne transparent.
Ajouter l’eau, couvrir et porter le riz à ébullition, puis baisser à feu moyen.
Laisser cuire pendant 10 min jusqu’à ce que le riz soit presque cuit et ajouter un peu d’eau si le riz est sec mais non cuit.
Verser le lait de coco et laisser mijoter doucement pendant 5 minutes. retirer du feu pour poursuivre la cuisson. Cela prendra environ 15 min.
Émietter délicatement le riz à l’aide d’une fourchette et servir chaud.



Bouillons bienfaisants
Jennifer Hart-Smith - Hachette Cuisine



Je connais Jennifer Hart-Smith depuis le confinement, quand je dis que je la connais, je veux dire que je la suis sur instagram comme 92 000 autres personnes 😅 Elle m’a toujours plu dans sa manière de communiquer, de parler d’elle et de sa vision de la cuisine dans les podcasts, j’ai l’impression qu’elle est accessible et très entière. C’est bizarre parfois de suivre sur les réseaux des personnes depuis si longtemps et d’avoir un peu l’impression de les connaitre alors que ce n’est pas du tout le cas.
J’ai acheté son premier livre sur la pâtisserie naturelle (éditions Marabout). J’ai raté quelques recettes, sauf les energy ball qui ont été mon goûter pendant toute ma grossesse. J’ai eu très envie d’acheter le livre qu’elle a écrit avec Elvira Masson sur la ménopause, mais bon je n’ai que 36 ans, je me suis dit que c’était quand même un peu tôt 😄
Celui-ci m’a beaucoup plu. Déjà parce que j’adore les bouillons et que je suis très nulle pour les improviser, je ne sais jamais vraiment les doses et je manque d’imagination. J’étais donc ravie de découvrir toutes ces recettes (faciles qui plus est) ! La richesse de ce livre réside également dans les rencontres qu’elle a effectuées pour illustrer son propos. Des cheffes, des expertes qui donnent leur point de vue sur ce qui fait un bon bouillon.
As-tu toujours fait le lien entre les bouillons et la santé ?
C’est d’abord le sentiment et la finesse du goût qui guide mon travail de cuisinière, mais au fil du temps, je me penche sur les questions de santé, via mes propres expériences notamment : ne plus supporter le beurre cuit, alléger les sauces, un besoin de végétal qui augmente.
Nous avons grandi à une époque où l’industrie agro-alimentaire a orienté notre manière de consommer et de nous alimenter, un monde qui a coupé notre relation au sensible au végétal et à la nature. Ce sont des choix politiques et sociétaux qui ont été faits.
Extrait de l’interview de Alcidia Vulbeau, cheffe.

Jennifer Hart-Smith est également naturopathe. Elle fait le lien tout au long du livre entre la santé du corps, de l’esprit et la gastronomie. On se régale en se faisant du bien. Je vous assure qu’un bouillon peut aussi être dans la comfort food, par exemple la harira marocaine ou le simple bouillon de poulet. Il commence à faire froid en plus donc autant en profiter !
En tant que naturopathe, j’assume de donner une petite place aux protéines animales et d’aller légèrement à contre-courant de ma formation. S’il est vrai qu’une alimentation vertueuse, éthique et durable nécessite de limiter au maximum la viande, et de privilégier avant tout le végétal, les animaux ont toute leur place dans l’agriculture d’aujourd’hui et de demain. La France est un grand pays de tradition d’élevage pastoral et extensif où persiste encore une tradition de fermes familiales et de micros fermes engagées dans des productions bio avec des animaux qui se nourrissent en circuit court, d’herbes et de foin. C’est un modèle mis à mal, qui souffre, mais qu’il me semble essentiel de soutenir.
Extrait de l’introduction.
J’ai testé deux recettes pour la newsletter : le bouillon de tamarin, crevettes, champignons et tomates séchées et la harira marocaine réchauffante. Elles sont très différentes, je crois que j’ai préféré la seconde. L’avantage est que les recettes sont ultra simples et rapides à reproduire, à la portée de tous et de toutes ! Comme elle le dit si bien, on a tendance à croire qu’un bouillon est long à faire, mais pas du tout, les recettes réalisées ont pris moins de 30 min !
Je cherche à transmettre cela à mes enfants, l’idée que la cuisine et la santé sont indissociables, mais les ingrédients centraux sont : la joie, le plaisir et la gourmandise.
Extrait d’une interview dans Milk Magazine



RECETTE
Harira marocaine réchauffante
Pour 2 L - Préparation 1h - Conservation 6 jours au frigo
Ingrédients :
500g de mélange de légumineuses au choix
1 oignon
200g de céleri-rave
1 cm de gingembre frais râpé
1/2 càc de poivre noir moulu
100g de graines d’amarante (optionnel)
2 càs d’huile d’olive
1 càs de concentré de tomates
1/2 càc de sel
1/2 càc de poudre de paprika
0.5g de safran
2.5l d’eau
500g de tomates pelées (j’ai utilisé des conserves)
1/2 càs de cumin noir ou de cumin moulu
2 càs d’ortie séchée (optionnel)
Sel et poivre
La veille, mettez les légumineuses à tremper dans un grand bol d’eau. Le lendemain, jetez l’eau de trempage et rincez-les sous un filet d’eau froide.
Émincez finement l’oignon et le céleri. Dans un faitout, faites-les revenir avec le gingembre, le poivre et l’amarante dans l’huile d’olive à feu moyen pendant 2 minutes.
Ajoutez à ce mélange, les légumineuses, le concentré de tomates et les épices sauf le cumin, et remuez pendant 1 minute. Versez l’eau dessus, portez à ébullition quelques minutes, et laissez mijoter 20 min à couvert et sur feu très doux.
Incorporez les tomates pelées et le cumin, l’ortie si vous en avez, et laissez cuire encore 5 minutes.
Lorsque les légumineuses sont tendres, éteignez le feu. Si la soupe est trop épaisse, ajoutez un peu d’eau.
Rectifiez l’assaisonnement et servez chaud.

The Farm Table
Julius Robert - Hachette Cuisine



Julius Robert est cuisinier, fermier et influenceur. Sa petite ferme est située dans l’est de l’Angleterre. Il a une très grosse communauté sur instagram (1 million d’abonnés). Toutes ses vidéos sont tournées dans sa magnifique serre vitrée. Les recettes sont toutes plus alléchantes les unes que les autres.
Dans l’introduction, il explique avoir quitté la restauration à Londres car il ne s’y retrouvais plus, trop de stress, plus de temps pour lui, des horaires difficiles.
Je travaillais au Noble Rot à Londres depuis presque un an et je commençais à comprendre que la vie de cuisinier ne correspondait pas exactement à ce que je recherchais. J’adorais l’apprentissage, la camaraderie et l’émulation de ce métier, mais les heures de rush, le manque de sommeil et le stress me semblaient insupportables.
Extrait de l’introduction.
On peut aisément le comprendre.
Dans son livre, chapitré grâce aux saisons, on retrouve vraiment l’univers de ses vidéos : la nature, des recettes simples et gourmandes, des produits de saison, ses animaux. Les photos sont belles, il est plutôt beau également, en lisant ce livre, on a nous aussi envie de déménager à la campagne pour retrouver une vie simple 😎 seulement il nous manque les 1 millions d’abonnés pour subvenir à nos besoins (il ne vit pas de son activité d’agriculteur). On se laisse tout de même emporter et ses recettes sont délicieuses. Rien à voir avec les livres précédemment présentés, ses propositions sont classiques, voire traditionnelles mais toujours très bien exécutées.
J’en ai choisi deux recettes végétariennes mais il y en a pour tous les goûts. J’ai réalisé la courge rôtie, mozzarella, sauge et noisettes. Malheureusement, je n’ai pas trouvé de sauge, la recette était quand même très bonne. Et la tarte à l’oignon et au comté, elle a été très vite dégustée !
Le livre convient très bien aux cuisiniers qui démarrent, les recettes sont bien expliquées et faciles à reproduire.

RECETTE
Tarte à l’oignon et au comté
Pour 6 à 8 personnes
Ingrédients :
1 pâte brisée maison ou pas
1 œuf battu
5 gros oignons jaunes
50g de beurre
1 petit verre de vin blanc
quelques brins de thym frais
120g de comté
15 cl de lait entier
15 cl de crème liquide entière
3 œufs
Émincez finement les oignons et mettez-les dans une poêle avec le beurre. Salez généreusement. Faites-les cuire à feu doux à couvert environ 30 min, en remuant régulièrement, jusqu’à ce qu’ils soient très fondants - une légère caramélisation est acceptable, mais attention à ce qu’ils ne brûlent pas. Quand les oignons sont cuits, déglacez la poêle avec le vin, laissez évaporer l’alcool, puis coupez le feu.
Préchauffez le four à 170°C.
Sur le plan de travail fariné, abaissez la pâte sur une épaisseur de 3 mm. Piquez le fond de tarte avec une fourchette et entreposez 20 min au congélateur. recouvrez la pâte de papier sulfurisé, puis de haricots de cuisson. Posez le moule sur une plaque à pâtisserie et enfournez pour 15 à 20 min de cuisson, jusqu’à ce que la pâte soit ferme. Enlevez les haricots et le papier, badigeonnez la pâte d’œuf battu et poursuivez la cuisson 10 min, jusqu’à ce qu’elle soit dorée. Coupez l’excédent avec un couteau à pain.
Effeuillez le thym. Râpez le comté et réservez-en 20g. dans un bol, mélangez le reste avec le lait, la crème, les œufs et le thym. salez, poivrez, puis ajoutez les oignons et mélangez. versez 80% de cette préparation sur le fond de tarte cuit à blanc en répartissant uniformément les oignons. Mettez la plaque dans le four, puis versez délicatement le reste de la garniture dans le moule. Parsemez du reste du comté et enfournez pour environ 30 min de cuisson, jusqu’à ce que le dessus de la tarte commence à caraméliser et que le centre soit pris. laissez refroidir 15 min, puis démoulez. Coupez en parts et servez avec une salade verte bien assaisonnée.



3 autres livres que j’aimerais beaucoup avoir dans ma bibliothèque :

Perséphone, une histoire à déguster, recettes et symboles, Éditions Ofr, Joumana Jacob et Virginie Clavereau.
Un livre à part, qui raconte l’histoire de Perséphone, figure mythologique de la Grèce antique, déesse du monde souterrain, fille de Zeus et de Déméter, épouse d’Hadès, dieu des Enfers, en cuisine. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de le feuilleter, et il semble difficilement trouvable en ligne mais la chronique de Elvira Masson dans On va déguster m’a donné envie et aussi parce que je suis très admirative du travail de Joumana Jacob.

Corps, alimentation et réseaux sociaux, Éditions De Murmure, de Clémentine Hugol-Gential (professeure des universités en Sciences de l'Information et de la Communication à l'Université de Bourgogne).
Le sujet m’intéresse beaucoup, notamment comment les recettes de cuisine qui défilent en permanence sur nos réseaux influencent nos façons de manger, pas seulement concernant les troubles du comportement alimentaires, mais tout simplement dans notre quotidien. Je suis impatiente de le lire !
La quête du sushi parfait, Éditions Les Arènes, de Jad Ibrahim (@nigiri.paris)


Un livre qui est sorti en octobre 2024, qui raconte l’aventure de l’auteur dans sa quête du sushi parfait à travers le monde ! De quoi nous faire rêver ! L’occasion de vous parler de la newsletter Aux livres, etc, qui dans sa dernière édition fait le lien entre littérature et gastronomie avec plein de recos alléchantes 😋 et elle parle d’un super concept (uniquement à Paris malheureusement) : le Supper Bookclub. Un diner avec des auteur.e.s pour manger et parler de littérature. J’aimerais bien être présente à celui avec Lucie Azéma 🤞
On se retrouve la semaine prochaine avec d’autres recos de livres !
Geniale cette lettre, merci
Merci Chloé d’avoir parlé du Supper Book Club ! ☺️ Et, pour paraphraser Julia, merci surtout pour cette nouvelle fournée de ta newsletter ! Très intriguée pour ma part par le livre de Joumana !
Au plaisir de te rencontrer le 27 janvier alors ? 🙃