✍🏼 Cette newsletter est plus longue que d’habitude, le sujet est tellement vaste et important (26 min exactement à faire en deux fois comme un magazine 😉).
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C’est en lisant l’article du fooding “le premier repas du reste de leur vie”, que je me suis demandée quel avait été mon premier repas à la maternité. J’ai mis du temps à m’en souvenir, il me semble que c’était un rôti de porc en sauce avec une purée ou des légumes, mais ma mémoire me fait défaut. Le principal souvenir de ce moment, après 24h de travail, de la fièvre, des forceps et une épisiotomie, c’est que j’avais extrêmement faim. Je ne pensais qu’à ça : manger. J’ai même demandé à l’auxiliaire de puériculture de garder mon bébé de quelques heures pour dévorer mon repas. Ce qu’elle a fait. Elle était adorable. Et puis ce sont enchainées de longues semaines de post-partum difficiles pour plusieurs raisons, dont un staphylocoque doré et deux abcès mal placés. Bref.
J’avais pourtant anticipé quelques petits plats congelés, mais pas assez, puis je me suis retrouvée avec un bébé qui pleurait beaucoup, dormait peu ou pas longtemps, et qui ne supportait pas d’être posé. Évidemment, rien de tout cela n’était prévu, et ce que je n’avais pas envisagé c’est que je n’allais plus vraiment avoir faim pendant ces longues semaines. J’étais juste épuisée. La cuisine ne m’intéressait plus. J’avais juste envie de dormir. Je mangeais presque exclusivement du fromage, du saucisson, des œufs au plats, des tartines de beurre salé et des barres de céréales Jolly Mama que l’on m’avait généreusement offertes. On était loin du mois d’or et des bouillons remplis de collagène.
Presque 4 ans plus tard, quand une amie accouche, le seul cadeau auquel je pense, c’est un repas voire plusieurs repas. J’ai gardé dans ma chair la fatigue intense, la perte de repères et l’envie que l’on prenne soin de moi. Des repas chauds faits maison me semblent depuis la meilleure option pour envelopper une amie qui vient de passer par une grossesse et un accouchement.
Je ne sais pas si j’ai fait les “bons” repas nutritionnellement parlant, il existe tout un tas d’articles sur le sujet quand on commence à creuser la question. Je reconnais que pour ma copine Julie, j’ai surtout réfléchi à ce qui lui ferait plaisir et qui serait simple à réchauffer : des lasagnes végé, une soupe butternut et lait de coco et des rouleaux de printemps avec une petit sauce cacahuète.
Pour cette newsletter, j’ai souhaité donner la parole à d’autres femmes autour de moi. Je vous ai d’abord posé la question sur instagram, j’ai eu plein de témoignages, le sujet semblait vous toucher.
En post-partum, on mange Picard (toujours ce fidèle compagnon), des petits plats amenés par des amis, des plats préparés par notre conjoint ou notre famille, des plats concoctés en amont et conservés au congélateur, des menus directement réalisés par un traiteur proche de chez nous avec des cookies en bonus (la chance), n’importe quoi tant qu’il n’y a pas à cuisiner 🙃. Justement, certaines d’entre vous se sont très vite remises à cuisiner, mais pour d’autres le congélateur s’est vidé à une vitesse grand V et une aide aurait été nécessaire. Parfois, manger n’était finalement plus si important, l’inspiration manquait, le besoin était surtout tourné vers une cuisine facile et rapide. La question du temps évidemment qui a mis tout le monde en difficulté… parce qu’elles n’avaient tout simplement pas le temps de manger. Certaines ont été dégoutées par les plats de la maternité jusqu’à supprimer des aliments rappelant trop de mauvais souvenirs. Puis, le baby-blues qui pointe le bout de son nez quand on se retrouve seule, que son conjoint repart travailler rapidement, on se nourrit mal ou on grignote.
Ensuite, j’ai rencontré trois personnes pour parler de ce sujet : Marjorie Nguyen, la fondatrice de la newsletter Des pages en cuisine (elle a eu son bébé il y a 6 mois, elle en parle dans cette newsletter), Julie Merjouane cheffe à domicile chez Maman Bouillon dont l’activité principale est de faire des repas pour les femmes en post-partum, et Mahalia Coujitou la fondatrice du compte @postpartie axé sur la santé des femmes et des parents pendant la période du post-partum.
Merci à toutes les trois d’avoir pris le temps de répondre à mes (nombreuses) questions.
Marjorie, la fondatrice de @despagesencuisine
Depuis quand es-tu maman ?
Le 4 mai 2024 😌
Est-ce qu’avant ton accouchement, tu avais anticipé des repas au congélateur ?
Tout le monde nous avait conseillé de faire ça… Et on ne l’a pas fait 🙈 Pour plusieurs raisons. Déjà, j’ai eu une fin de grossesse compliquée, donc je n'ai presque pas cuisiné pendant le dernier trimestre. Mais surtout, mon compagnon et moi on n’a jamais été très fan des plats congelés (sauf les pizzas haha) - oui, on est très chiants, j’avoue ! Notre congélateur nous sert plus à stocker des ingrédients que des plats.
Mais clairement, cuisiner de grosses quantités à l’avance a sauvé beaucoup de mes ami(e)s parents.
Est-ce que vos familles sont venues vous aider pendant le post-partum ?
De ce point de vue là, on était très privilégiés parce que non seulement nos mamans des deux côtés ont beaucoup cuisiné pour nous pendant mon post-partum, mais en plus mon conjoint avait pris deux mois de congés après la naissance de notre fils. Moi, j’étais complètement KO - j’ai mis un bon gros mois et demi à me remettre de ma césarienne + une anémie pour laquelle je suis toujours suivie aujourd’hui. Donc je n’ai quasi pas cuisiné pendant disons les deux premiers mois.
Mais entre mon compagnon et nos mamans respectives, c’est sûr qu’on ne crevait pas de faim ! Même si j’avoue, les toutes premières semaines à la maison, j’ai aussi beaucoup abusé de take-away et de certains plats de supermarché, parce que je mourrais d’envie de manger des tartares de bœuf, des sushis, du saumon fumé, du fromage au lait cru… Bref, toutes ces choses que je n’avais pas mangées pendant 9 mois.
Par contre, ça a été une autre histoire quand la mère de mon compagnon est repartie chez elle et qu’il est reparti bosser…
Avais-tu faim pendant ton post partum ?
Oui, tout le temps ! L’allaitement y était sans doute pour quelque chose.
Qu’est-ce qui te faisait envie ?
Au début, comme je te le disais plus haut, j’avais notamment envie de manger toutes ces choses qui sont déconseillées pendant la grossesse et qui m’avaient manqué. Je voulais aussi énormément manger la cuisine franco-vietnamienne de ma maman : du gigot d’agneau et des flageolets, du rosbeef froid avec de la mayonnaise ou sa soupe de riz vietnamienne au canard (chao vit). J’aimais aussi beaucoup manger chinois : mon mec a fait je ne sais pas combien de fois des liserons d’eau sautés qu’on accompagnait avec de la poitrine de porc laquée achetée au traiteur de Tang Frères.
Mais au bout d’un moment, j’ai eu très envie de manger de nouveau ma cuisine. Alors, je ne dis pas qu’elle est meilleure ou spéciale, c’est rien de tout ça. Mais j’avais envie de retrouver la saveur de ces plats que je suis la seule à cuisiner dans la famille - et ce de la même manière que ma mère ou mon mec font des plats que je suis incapable de reproduire. Donc je me suis remise en cuisine pour faire des trucs très simples, notamment beaucoup de salades pendant l’été parce que c’est un truc que j’ai tellement fait que je ne réfléchis même plus quand j’en cuisine.
En tout cas, il y a un fil rouge à tout ça qui est que pendant mon post-partum, mais surtout pendant ma grossesse donc on est dans la continuité, je n’avais envie de manger que des saveurs très familières qui remontaient le plus souvent à mon enfance. J’avais envie de réconfort, de familiarité. Ce n’est que très récemment que j’ai retrouvé mon appétence pour des saveurs nouvelles.
As-tu réussi à te faire manger ?
Seulement à partir d’août-septembre, donc quand le petit avait… Déjà plus de trois mois. Avant ça, c’était impossible physiquement. Franchement, les nanas qui retournent bosser ou qui s’occupent en plus d’enfants plus âgés et qui font l’intendance à la maison en même temps, et qui ne sont pas aidées, je ne sais pas comment elles font (et ça me fout en rogne aussi pour elles, mais c’est un autre sujet).
Au début, c’était pas facile parce que le rythme du bébé était très irrégulier et que moi, avec mon mommy brain, j’avais du mal à me concentrer sur plusieurs choses à la fois. J’ai brûlé à deux reprises de la compote. De la compote, franchement ! 😅
Donc à cette période là, je faisais énormément d’assiettes d’assemblage. Par exemple, une tranche de charcuterie ou une boîte de sardines, un légume vapeur (haricots verts ou courgette typiquement) et puis des pâtes au beurre ou du taboulé du supermarché. Il y a eu des périodes où c’était frustrant, justement quand mon mec est retourné au travail. Là, j’avoue, on était un peu en mode automatique, avec ce genre d’assiettes très basiques ou des choses qu’on achetait au supermarché / Picard. C’était pas tous les jours folichon - même si c’est à ce moment-là que j’ai découvert que la paëlla ou la brandade de morue de Leclerc, c’est plutôt pas mal en fait !
Mais au fur et à mesure, je me suis remise à cuisiner plus sereinement. Déjà en faisant des cuissons qui pardonnent plus, comme la cuisson au four. En m’organisant aussi : par exemple, je ne lance jamais une cuisson à la poêle/ casserole/ wok quand on est à environ une demi-heure de sommeil du petit (et donc où il pourrait se réveiller). Je ne le fais que quand il vient tout juste de démarrer sa sieste. Donc ça veut dire aussi que peut-être à la sieste précédente, j’aurais déjà coupé l’ail et l’oignon, les légumes, etc. Et encore maintenant, je fais aussi des plats que vraiment, je connais par cœur, donc je peux être en mode automatique niveau process et assaisonnement. Par exemple, ce matin, j’ai bâclé une quiche bleu-lardons + salade mâche-poire-noix caramélisées + blé en 20-25 min. vaisselle comprise (on n’a pas de lave-vaisselle)
Et aujourd’hui presque 6 mois après, comment se déroulent les repas ?
Mieux 😃
Il y a encore quand même beaucoup d’assiettes d’assemblage et de take away, plusieurs fois par semaine. Je pense aussi que c’est comme ça qu’on compense le fait qu’on n’aille (quasi) plus au resto ensemble, mon compagnon et moi 😅
Mais le bébé a des rythmes de moins en moins irréguliers - même si on a encore des siestes surprises d’une demi-heure ! Moi je vais mieux physiquement. Donc je peux de plus en plus cuisiner, et mon compagnon continue de le faire le week-end notamment.
Encore une fois, je suis clairement dans une situation privilégiée : on habite en banlieue parisienne (donc les jours de flemme, il y a le supermarché à 2 min. à pied ou Burger King à une station de bus) ; je ne travaille pas (donc même si j’ai pas énormément de temps libre, j’en dispose quand même énormément plus qu’une maman qui serait retournée au boulot) ; mon compagnon cuisine et peut s’occuper du bébé pendant que je suis aux fourneaux ; et surtout, surtout ! La plupart du temps, cuisiner pour lui comme pour moi, est moins une charge mentale qu’un plaisir - bon sauf certains jours où, comme tout le monde, on n’est pas inspiré, on ne sait pas quoi manger mais on crève de faim, et ça nous saoule et il finit par manger des nouilles instantanées et moi un sandwich au thon de la boulangerie.
J’insiste dessus parce que je n’aurais évidemment pas eu la même approche, le même discours si fondamentalement je n’aimais pas cuisiner, et si mon compagnon ne mettait jamais les pieds ni dans la cuisine ni dans la chambre du bébé. C’est parce qu’on est deux, parce qu’on aime ça, et aussi qu’on a hâte d’intégrer notre enfant à ce plaisir commun qu’on a de cuisiner qu’on arrive à nous faire à manger des choses sympas. Tu en parleras mieux que moi, mais la parentalité m’a confrontée à des questions féministes et de privilège social comme jamais, et des choses apparemment aussi anodines que les repas quotidiens renvoient à beaucoup de questionnements.
Julie, Maman Bouillon, cheffe à domicile
Est-ce que tu peux te présenter ?
Je m’appelle Julie, je vais avoir 32 ans, je suis du Nord de la France, de Lille. Je suis la maman de Sybil, fraîchement reconvertie pour faire des repas pour les mamans en post-partum.
En quoi consiste l’activité de Maman Bouillon ?
L’objectif principal de Maman Bouillon, c’est de soulager les mamans en post-partum. L’idée c’est de venir au domicile et de cuisiner pendant 3h. J’insiste sur le côté batchcooking, qui permet d’avoir une présence à ses côtés. Cela peut être clivant car certaines mamans ne se sentent pas d’accueillir quelqu’un chez elles, et pour d’autres, c’est important d’avoir une présence.
Selon moi, il y a un enjeu autour de la présence pendant le post-partum, on peut vite se sentir isolée en tant que maman, notamment avec le congé paternité qui est court et les visites qui petit à petit commencent à s’espacer. Tu te retrouves très seule alors que tu aurais besoin de prendre du temps pour toi. Les objectifs sont un allègement de la charge mentale, un gain de temps, et une présence sur cette période-là.
Pour ce qu'évoque maman bouillon il y a le côté nourriture, le côté chaleureux, mijotage, le temps passé en cuisine. L'univers de la cuisine de maman aussi réconfortante. Et je voulais aussi quelque chose qui me représente un peu donc je trouve qu'il y a l'idée aussi d'une personnalité pétillante / bouillonnante, des idées qui bouillonnent.
J’ai lu que tu travaillais dans l’audit financier auparavant, qu’est-ce que t’a donné envie de faire cette reconversion assez spécifique ?
J’ai démissionné en mai 2024, j’ai ensuite fait un stage en pâtisserie pour passer mon CAP en candidat libre et en septembre 2024 j’ai créé mon entreprise.
Je suis passionnée de cuisine depuis très longtemps, j’ai même hésité à en faire mon métier, mais j’étais bonne élève, j’ai suivi parcours classique de bonne élève, j’ai fait Bac S, une prépa littéraire, et une grande école, la cuisine était toujours dans un coin de ma tête. J’ai fait 3 ans de cabinet externe avec un équilibre vie pro / vie perso impossible. En 2019, j’ai eu un autre poste, j’ai eu un peu plus de temps pour moi, cela a coïncidé avec la fin de l’organisation de mon mariage, le confinement où tu es obligé de faire un point sur ta vie… J’ai passé le CAP en candidat libre, j’ai commencé à proposer des plats à emporter, j’ai obtenu un 80% pour développer cette activité. Mais il y a eu deux problèmes, c’est trop confortable d’être salariées et d’avoir une activité à côté, rien ne te pousse à la développer puisque tu as ton salaire qui tombe chaque mois, puis j’ai eu un gros manque de sens dans la vente à emporter. Il me manquait quelque chose, c’était assez frustrant, tu ne vois pas les assiettes finies par exemple.
Je suis tombée enceinte et c’est là que tout a commencé à se mettre en place. J’ai arrêté le 80%. L’accouchement, l’arrivée de Sybil, j’ai fait une dépression post-partum pour dire les choses rapidement. Sachant que nous avions mis plein de choses en place (congélateur plein, congé parental de 6 mois pour le papa, télétravail pour allaiter), malgré tout, je me suis pris le mur de pleine face, il y a donc eu une obligation de se poser, de réfléchir. Je ne voulais pas continuer ce travail, dans lequel je ne me sentais pas bien, c’était très dure cette dépression car je ne comprenais vraiment pas. Je voulais donner un sens à ce qui m’arrivait et donc aider les mamans pour limiter le risque d’une dépression. Ça s’est très vite mis en place, j’ai été arrêtée en mars 2023 jusqu’à août 2023, et j’ai repris à temps partiel. En décembre, j’ai demandé une démission-reconversion, je suis partie en mai 2024. Le fait de partir était l’une des clés pour aller mieux.
J’ai fait 14 semaines de stage, j’ai fait ça chez des amis qui ont créé leur salon de thé-restaurant, la transition parfaite entre le salariat et l’entreprenariat. Ça s’est hyper bien passé, et ça m’a convaincu que j’étais sur la bonne voie. C’est une crainte quand on se reconvertit, qu’est-ce qu’il se passe quand on doit faire ça tous les jours, ce stage à débloqué pas mal de choses. L’idée, c’était de créer l’activité au 1er septembre, le concept était très défini, l’idée a très peu bougé, il me manquait juste le nom. 15 jours avant l’ouverture j’ai eu un flash sur Maman bouillon alors que j’endormais ma fille.
Finalement, ça a démarré plus fort que je ne m’y attendais, j’ai dû mettre en place beaucoup de choses en peu de temps, et là ça ralentit, mais ça prend bien. Le fait d’avoir le chômage, c’est également sécurisant.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées pendant ton post-partum autour de l’alimentation ?
Alors j’ai un regard biaisé sur le sujet, car j’accorde beaucoup d’importance à l’alimentation. J’ai quand même été surprise par les journées très remplie, le congélateur rempli a été d’une grande aide sur les 15 premiers jours, mais l’organisation ayant pris beaucoup de place, l’alimentation n’était finalement pas la priorité. Quand le congélateur a été vide, on a passé une semaine à manger des pâtes avant de trouver le rythme. Après de mon côté, j’étais très renseignée sur quoi manger. Mon premier repas a été un bouillon. Puis, le fait que mon mari soit là, ça aide beaucoup sur les repas ! Mais tu as beau être deux, il faut quand même faire des courses, et tout le reste. En plus, on avait fait une liste de naissance, et dessus plusieurs cadeaux dématérialisés, dont des plats. Même en le notant, on en a eu très très peu. J’ai été assez surprise. Ce qui est dommage.
Quels sont les menus que tu proposes ?
Un menu par semaine, si la personne a des intolérances, des allergies, des préférences alimentaires, je m’adapte évidemment, mais si elle veut se laisser porter, il y a un menu classique et un menu végétarien. Je limite la viande, car c’est ma vision de la cuisine. J’ai essayé de proposer des plats un peu originaux (même si avec les réseaux sociaux c’est difficile), pas trop traditionnels non plus.
Si je me souviens d’un menu que j’ai fait récemment, c’était :
Gnocchis potimarron façon carbonara
Tatin d’endives
Bœuf bourguignon
Salade endives cuits crues
Velouté de panais
Courges et champignons rôties avec de la ricotta
L’idée est de faire à manger pour toute la famille, ça ne fait pas varier le prix, et ça prend un peu près le même temps de cuisiner.
Le prix est de 160€ pour les 3h et éligible au crédit d’impôts, car c’est du service à la personne.
Est-ce que tu aurais une recette spécifique à proposer pour le post-partum immédiat ?
Le must c’est le bouillon, c’est facile à digérer, ça hydrate. C’est d’ailleurs un projet de me former à la nutrition. Ça aide à la récupération. Sinon tout ce qui est chaud, réconfortant, j’aime beaucoup le dhal de lentilles. Je sais que moi ça me stressait beaucoup, mais franchement le principal de c’est manger ce qui nous fait plaisir, surtout après 9 mois de grossesse, il faut être un peu doux avec soi.
Où est-ce qu’on peut te contacter ?
Pour le moment, c’est essentiellement le compte instagram ou le Linktree avec toutes les infos (les menus, lien pour réserver, le périmètre d’intervention, etc).
Mahalia, la fondatrice de @postpartie
Est-ce que tu peux te présenter ?
Je m’appelle Mahalia, j’ai 32 ans, j’habite à Strasbourg, je suis mariée avec un irlandais et on a ensemble un petit garçon qui a bientôt 2 ans. Je suis directrice d’hôpital, j’ai fait une formation de la fonction publique qui mène au métier de directeur d’hôpital. J’ai exercé en tant que directrice de la communication, et ensuite en tant que DRH adjointe dans des CHU.
Tu es en train de créer un projet d'entrepreneuriat social visant à améliorer l'accompagnement dans le devenir parent et le post-partum, en collaboration avec les hôpitaux et maternités, est-ce que tu peux nous parler de la genèse du projet ?
C’est effectivement un projet d’entrepreneuriat social qui prend la forme d’une association à but non lucratif. Je suis en pause dans ma carrière justement pour pouvoir faire ce projet-là.
J’ai eu un post-partum qui était hyper difficile. J’avais déjà eu un parcours de conception et de grossesse qui était un peu compliqué, même si beaucoup de femmes vivent la même chose, j’ai le SPOK, donc ça a été très médicalisé et pas mal suivi, ensuite parce que mon fils avait une malformation fœtale, qui potentiellement nécessitait une opération à la naissance, donc il fallait être bien suivi. J’ai vécu une grossesse très très médicalisée et sur la fin assez difficile parce que c’était un gros bébé, bref. L’accouchement s’est très bien passé, mais ensuite, j’ai eu un gros gros passage à vide après l’arrivée de mon fils, que je n’ai pas tout de suite identifié comme une dépression post-partum parce que je pense que ça s’est construit au fur et à mesure dans les mois qui ont suivi. J’ai repris le travail très tôt. Ensuite, j’ai beaucoup bossé, et c’est seulement à l’arrêt de l’allaitement que j’ai réalisé que j’étais en dépression post-partum.
J’ai été arrêtée après ça, j’ai pris le temps de me soigner. J’ai eu la chance d’être très bien suivie, bien accompagnée, et donc je m’en suis remise, ou en tout cas, je me suis transformée (j’aime bien dire ça), je suis vraiment devenue une autre personne, ça m’a coupé les ailes et en même temps, j’ai d’autres choses qui ont repoussé à la place. Je crois que j’étais arrivée à un point dans ma vie où finalement, je ne sais pas s’il fallait que je vive ça mais en tout cas je l’ai vécu, c’était difficile, très difficile même, mais je me suis relevée et en fait quand je suis sortie de cette dépression, j’ai réalisé que j’avais envie d’autres choses que mon quotidien depuis 8 ans.
En revanche, j’ai aussi réalisé, que j’étais extrêmement attachée au service public, à l’hôpital, que la santé était toujours un sujet qui me parlait énormément, mais que j’avais vraiment envie de faire quelque chose pour la santé non seulement des femmes mais aussi des parents lors de la période autour de la naissance de l’enfant. Pour moi, il y avait quand même des choses qui m’avaient manqué en termes d’accompagnement.
Je me suis demandée ce qui se faisait aujourd’hui, et pourquoi j’avais eu ce sentiment-là. Après avoir pas mal étudié à la fois les besoins des parents et puis ce qui se faisait en France, dans les institutions publiques, privées ou les associations, je me suis rendue compte qu’il y avait énormément d’initiatives, que ce soit à l’hôpital, ou avec les villes, les collectivités comme les PMI, qu’il y avait également plein de bénévoles qui voulaient donner du temps, mais qu’il y avait un vrai manque de coordination pour que tout ça soit lisible pour les parents. Puis, partant de mon métier, c’est-à-dire directrice d’hôpital, je connais les problématiques de l’hôpital et des maternités : le manque de médecins et de professionnels paramédicaux comme les infirmier.ère.s ou les sages-femmes. Ce qui fait qu’il y a pas mal de territoires où il y a des fermetures de maternités. Par ailleurs, il y a aussi une baisse de la natalité en France qui fait que certaines maternités ne font pas assez d’activités, donc il y a des fermetures, ce qui malheureusement veut dire que les parents sont obligés d’aller plus loin pour accoucher (le confort est donc plus limité). Il existe aussi une vraie recommandation de l’Académie nationale de médecine de fermer les maternités qui font moins de 1000 accouchements parce que ça ne permet pas d’assurer que les professionnel.le.s exercent suffisamment et donc il y a un risque éventuel pour la sécurité des mamans et des bébés.
J’ai fait le lien entre les deux en me disant : “aujourd’hui, on a des parents qui ont besoin d’être plus accompagnés, pas obligatoirement à l’hôpital mais globalement plus accompagnés dans leur post-partum”.
De son côté, l’hôpital a besoin d’avoir “moins de patients” si on peut dire les choses comme ça. C’est-à-dire que l’hôpital, il a besoin de prendre en charge les personnes qui doivent être prises en charge à l’hôpital, mais parce qu’il y a cette hausse, finalement, de plus en plus de personnes vont accoucher dans un nombre plus restreint de maternités, ce qui fait que les hôpitaux ont aussi une problématique de comment on fait pour accueillir plus de patientes tout en ayant une prise en charge qui soit au moins équivalente à avant.
Je me suis dit “il faut que les femmes sortent de l’hôpital plus vite”. Elles peuvent accoucher à l’hôpital parce que c’est sécurisé mais ensuite non seulement, elles ont envie d’être accompagnées ailleurs qu’à l’hôpital, d’être mieux accompagnées, mais en plus l’hôpital, ça l’arrange que les femmes sortent plus vite. Tout ça évidemment, je ne le sors pas de mon chapeau, il y a d’autres pays qui y ont pensé avant. L’idée, elle est vraiment de proposer une prise en charge qui soit meilleure que ce qu’elle est aujourd’hui aux parents dans le post-partum et en même temps, ça génère un gain à la société dans son ensemble puisque ça coute moins cher d’accompagner une femme, une maman, un co-parent et un bébé à domicile ou ailleurs, que de financer une journée et encore moins 3-4 jours d’hospitalisation qui coûtent extrêmement chers (entre 600€ et 1500€).
C’est un projet que je développe avec des partenaires, des cofondatrices qui sont infirmières et puéricultrices, avec un autre directeur d’hôpital et on a plein de professionnel.le.s de santé qui nous ont rejoints au sein de l’association que nous sommes en train de créer.
Ton compte instagram @postpartie alerte sur la santé mentale en post-partum, tu es référente au sein de l’association Maman Blues, qu’est-ce qui te semble essentiel pour mieux prévenir la dépression post-partum ?
Moi, j’ai ce background santé mentale en post-partum parce que c’est mon engagement personnel.
Pour moi, ce qui est essentiel pour prévenir la dépression du post-partum, c’est être préparé à ce qu’est le post-partum. Ça ne veut pas dire qu’on peut empêcher les choses qui vont se passer après mais par contre ça veut dire qu’on vit les choses et qu’on comprend mieux ce qui nous arrive, que ce soit le baby-blues, les difficultés d’allaitement. Deuxièmement, pour prévenir la dépression post-partum, il faut aider pendant le post-partum, la dépression c’est quelque chose qui se construit sur plusieurs semaines, c’est rarement l’effet des hormones par exemple, ça c’est plutôt le baby-blues, ça dure un temps et ensuite ça s’arrête. On dit qu’au-delà de deux semaines, il faut commencer à se poser des questions et en parler avec un professionnel.
Une dépression post-partum, ça va être beaucoup plus lent en termes d’installation. On sait que ça va dépendre de ton histoire dans la conception, dans la grossesse, de ton parcours personnel (est-ce que tu as des sujets autour de l’enfance dans ta famille, des traumatismes, etc…). Ce sont des éléments plutôt du volet psy. Par contre, il y a des choses très concrètes, c’est-à-dire : la fatigue, la participation ou non du conjoint aux tâches et puis l’isolement, notamment la possibilité de pouvoir parler en toute liberté et d’avoir une écoute (quand bien même on serait physiquement entourées). On travaille dessus avec Maman Blues. C’est aussi important d’avoir une écoute sur les sujets logistiques du quotidien, ça peut vraiment aider à prévenir la fatigue.
Sur certains post, tu évoques notamment la préparation des repas et leur importance dans ce moment si fragile, est-ce que c’est quelque chose qui t’a manqué en post-partum ? Est-ce que tu arrivais à te nourrir correctement ?
Effectivement, la préparation des repas est quelque chose de super important !
Moi, personnellement, ce n’est pas tellement là-dessus que ça s’est joué parce que j’ai eu la chance d’avoir un mari qui cuisine beaucoup et qui m’a beaucoup aidé en me faisant des repas délicieux. Par contre, je sais que pour beaucoup de femmes, ce sont elles qui ont la charge des repas, et ça c’est à nouveau une charge mentale qui s’ajoute à la fatigue qui est déjà très forte, d’où l’importance de faire des choses simples, c’est-à-dire se préparer des repas, les congeler, acheter une fois que le bébé est là des fruits et légumes surgelés qui permettent de raccourcir les temps de préparation. Ça peut être s’équiper, en seconde main, d’un robot ou d’une machine à soupe. Puis, prévoir des snacks, des choses qui nous font plaisir à manger, il y a beaucoup d’éléments sur le mois d’or, les aliments à favoriser. Un conseil qu’on m’a donné et que j’ai trouvé super, c’est juste “prévoyez de quoi vous faire plaisir” 🙂 Il faut se lâcher la grappe, c’est pas sur les premières semaines que vous allez perdre vos kilos de grossesse. S’il y a des choses que vous aimez, des barres chocolatées ou autres, et bien faites-le, c’est aussi comme ça que l’on récupère.
Honnêtement, j’ai mangé des choses sympas, qui me faisaient plaisir, j’avais fait une liste avant de tous mes repas préférés que j’ai donnée à mon mari si jamais il avait un trou ou un manque d’inspiration, et ça a été bien suivi 🙂
Quelle est la suite pour le projet ?
Sur mon compte instagram qui va bientôt se transformer avec notre nouveau nom Otéa. J’ai vraiment à cœur via ce compte d’avoir une communauté à qui on va pouvoir poser des questions pour faire participer les principaux intéressés à la création de solutions, que nous allons développer avec les maternités, les hôpitaux et les pouvoirs publics de manière plus générale.
Ma mère et mes sœurs m’ont dit “tu verras, on oublie la douleur de l’accouchement, les premiers mois difficiles”. C’est vrai j’ai oublié certaines choses, mais le souvenir des premiers mois restent douloureux malgré la joie de devenir maman. Je n’ai pas vécu des suites d’accouchement faciles, c’est certain. Je sais pas si un jour j’aurai un deuxième enfant, mais je sais que si c’est le cas, je m’entourerai plus, je demanderai plus d’aide, je ne reprendrai pas le travail aussi tôt, et surtout je demanderai à tous mes ami.e.s de m’offrir des repas. C’est tellement précieux.
RECETTE
Soupe de butternut et lait de coco (pour 2 personnes)
Ingrédients :
Une butternut
Une brique de lait de coco (20 cl)
Un oignon pelé et coupé en 4
Une gousse d’ail écrasée
Une c. à c. de poudre de curry
Huile d’olive
Sel et poivre
Préchauffez votre four à 200°. Coupez vos butternut en deux, arrosez-les d’huile d’olive, de sel et de poivre, posez-les dans un plat allant au four côté chair (peau vers le ciel), ajoutez l’oignon et l’ail, enfournez pour 30-40 min.
Lorsque le légume est bien cuit, retirez la chair. Mixez avec le lait de coco, l’oignon et la gousse d’ail. Ajoutez un peu d’eau ou un peu plus de lait de coco si vous le souhaitez.
Accompagnez cette soupe de noix de cajou grillées 😋
Ce que j’ai lu, regardé, écouté ces derniers temps :
J’en parlerai dans la prochaine newsletter consacrée aux idées livres de cuisine pour Noël, mais ce livre est en lien (entre autres) avec le sujet de cette newsletter : Bouillons bienfaisants de Jennifer Hart-Smith chez Hachette cuisine. Il est beau, très documenté, avec des interviews d’autres chef.fe.s ou des spécialistes, et des recettes qui font très envie (je suis en train de les tester). Elle aborde l’alimentation du post-partum dans une partie consacrée aux aliments à favoriser pour les omnivores et les végétariens, elle propose également quelques recettes, parce qu’on le sait le bouillon est dans beaucoup de cultures le premier repas après l’accouchement. Elle donne quelques recettes dans cette newsletter.
Sur la thématique de l’argent avec le dernier épisode de Inpower avec Titiou Lecoq. Toujours aussi passionnante Titiou Lecoq. Pendant quasiment 1h15, Louise Aubery, la fondatrice du podcast décortique avec l’autrice le rapport que les femmes entretiennent avec l’argent. C’est un sujet que m’a toujours interpellé, pour des raisons personnelles, j’ai une très grande peur de l’insécurité financière (ce qui m’empêche parfois de faire des choix) et en vieillissant, j’ai très vite réalisé qu’il fallait que je réfléchisse en tant que femme à comment gérer mon argent. Je me suis inscrite à la newsletter de Oseille et cie (très bonne par ailleurs) et j’ai appris plein de choses essentielles. Je n’ai pas eu d’éducation financière et je le regrette, j’ai perdu beaucoup de temps à ne pas oser demander des augmentations et à me contenter de salaires bien trop bas.
J’ai terminé le livre de Faïza Guene Kiffe Kiffe Hier ! Je vais rejoindre le florilège d’éloges sur son roman, j’ai beaucoup aimé l’écriture, le ton, l’humour et l’extrême lucidité. Je n’avais pas lu Kiffe kiffe demain, donc je ne connaissais pas le personnage principal, mais j’ai tout de suite été embarquée dans son histoire de femme.
Cet épisode de Passages qui s’appelle Aimer, prier, tromper, que j’ai écouté comme une bonne série, j’avais très envie de connaitre la fin. Violette nous raconte son histoire d’amour ou plutôt ses histoires d’amour.
Toujours chez Louie Media, pour celles et ceux qui ont envie d’explorer la parentalité, le podcast Faites des gosses est très bien. La journaliste aborde énormément de sujets en partant de sa propre expérience, puis elle donne la parole à des spécialistes, d’autres parents, etc… Il m’a beaucoup beaucoup fait déculpabiliser.
Bravo à celles et ceux qui sont arrivé.e.s au bout de cette newsletter ! J’ai pris beaucoup de plaisir à traiter ce sujet !
N’hésitez pas à m’écrire sur insta ou ici !