Dans un premier temps, j’espère que vous allez bien et que ces dernières semaines ont été plus clémentes avec vous qu’avec moi d’un point de vue santé 😂 (cf ma dernière newsletter).
En l’espace de peu de temps, j’ai vu plusieurs influenceur.ses préparer des plats avec des légumes d’été. D’ailleurs, l’une d’entre elles, précise en légende de ne pas la “guillotiner” pour ses aubergines au four. Les exemples que je cite sont des personnes que je suis depuis longtemps, que j’apprécie pour différentes raisons, j’aime bien les écouter et les regarder de temps en temps. Je me souviens également de Lou Elsener, star des réseaux sociaux, expliquant en story qu’elle allait préparer une soupe à son fils avec des courgettes et du kiri au mois de janvier car il adore ça. J’avais été surprise. Elle avait d’ailleurs précisé que c’était exceptionnel. Puis, récemment, je suis tombée sur cette vidéo de sa recette de bowl avec du concombre.
Alors, je vous rassure, je ne suis pas du tout une obsédée des fruits et légumes de saison et je ne décortique pas chaque assiette qui passe en portant un jugement condescendant du genre “c’est à cause de vous si la planète est en train de mourir” 🙃. Non. Pas du tout.
Je suis juste très curieuse. Je me suis alors demandé comment les gens consommaient au quotidien. Par exemple, j’ai le souvenir précis d’un repas chez des amis que j’aime beaucoup : ils nous avaient préparé un repas grecque avec de la tomate, des poivrons, etc, en plein mois de janvier. Je suppose que c’est aussi à cause de ce mois très long et sans lumière que les gens craquent pour les légumes du soleil 😎
Lors des confinements en 2020 et 2021, je me rappelle que nous étions inondés d’articles nous expliquant que le marché du bio et des produits locaux étaient en train de faire un bond ! Les français.es, choqués par cette épidémie digne de la grippe espagnole, avaient eu une prise de conscience et il fallait désormais mieux consommer : bio, local et de saison.
Bon, depuis, la biocoop a côté de chez nous a fermé ses portes pour laisser la place à un Carrefour. La consommation de produits bio est en nette baisse en 2024 et sans surprise elle est majoritairement du côté des CSP+. Néanmoins, nous restons des adeptes de la saisonnalité selon un baromètre Ipsos datant de 2017 🙃
Le plus simple restait de vous poser la question directement. Comme je n’ai pas beaucoup d’abonné.e.s, mon échantillon n’est pas représentatif (déformation professionnelle 🙂), mais tout de même, j’ai eu plein de réponses. Une grande majorité de OUI. Et plein de nuances.
Oui on mange de saison principalement. Oui autant que possible à la maison, avec une exception pour le concombre (légume préféré de l’enfant). Oui parce que la chance de vivre en Guyane avec des concombres, des courgettes, des tomates toute l’année. Presque. Ouiouioui. Oui et ça m’énerve les aubergines et autres en hiver. Oui et avoir des followers = responsabilité ; donc ça ne devrait pas se voir ce genre de vidéos. Oui mais on se disait justement qu’on saturait du poireau 😂 Oui bien sûr, mes parents avaient un très grand jardin, j’ai pris et gardé cette habitude. Oui de saison sinon c’est dégueu. Oui toujours, toujours de saison, et choquée de ce genre de recettes. Oui au maximum, à l’exception des tomates cerises et de quelques fruits exotiques. Oui et quand ce n’est pas de saison, ce sont toujours des conserves. Oui sauf pour les courgettes et les tomates cerises. Oui autant que possible sauf pour le concombre. (les enfants semblent vraiment beaucoup aimer ce légume, c’est revenu à plusieurs reprises). Oui au max mais j’achète 2/3 fois dans l’hiver des courgettes. Oui la plupart du temps. Oui mais parfois je déconne avec des tomates cerises à rôtir au four mais c’est tout. Oui on va dire à 99%. Oui, courges, champignons, céleri, poireau, patate douce, choux divers et fruits de saison. Oui pour la qualité et la provenance des produits, mais aussi pour le plaisir des rituels. Toujours de saison sauf pour le concombre. Non.
Pour le moment, je consomme exclusivement de saison. Je me triture la tête régulièrement sur les recettes car mon conjoint n’aime ni les champignons, ni les choux, ni le céleri… La liste est longue et l’hiver aussi. Quand je veux varier avec d’autres légumes qui ne sont pas de saison, j’utilise des conserves ou des légumes congelés car évidemment c’est plus rapide. J’ai lu que les français.es privilégiaient une alimentation plaisir, j’imagine donc que s’octroyer une ou deux courgettes en février est considéré comme un plaisir. J’achète moi aussi, de temps en temps, des fruits exotiques pour ce fameux plaisir. Mais je culpabilise, presque à chaque fois, comme si je faisais une mauvaise action ou que j’abimais quelque chose. Je suis loin d’être très écolo dans mon quotidien. Vivant à la campagne, je prends ma voiture tout le temps, je voyage parfois en avion, je m’achète trop de vêtements (principalement de seconde main mais quand même). J’essaie donc, tant que faire se peut, de respecter la saisonnalité des produits frais et de transmettre cette habitude à mon fils.
D’autant plus que je vis une joie non mesurée de retrouver les fraises et les tomates quand elles arrivent !
La vie est faite de petits bonheurs 😉
Les recettes
Boulettes de carottes, feta et mozzarella
J’ai adapté une recette du livre Bazar de Sabrina Gayour. Il est d’ailleurs très bien ce livre pour des recettes végétariennes abordables et faciles à réaliser. C’est devenu un classique de ma bibliothèque. La recette originale contient de l’halloumi mais je n’en avais pas, donc j’ai mis de la feta, de la mozza et ça fonctionne très bien !




Ingrédients :
3 carottes épluchées et râpées
200g de feta râpée
100g de mozzarella coupée en petits morceaux
1 œuf
30g d’aneth ciselé
4 cuillères à soupe de farine
2 cuillères à café de graines de cumin
1 cuillère à café de paprika
Sel et poivre
Huile végétale pour la cuisson
Dans un saladier, mettez les carottes râpées, avec la feta, la mozzarella, puis ajoutez le reste des ingrédients. Mélangez bien. Assaisonnez avec le sel et le poivre selon votre goût. Confectionnez des boulettes.
Faites chauffer une poêle à feu vif, versez l’huile végétale (je ne les fais pas frire, donc il faut une bonne quantité d’huile mais pas un bain complet), plongez délicatement vos boulettes dans l’huile chaude, et laissez cuire 2 min de chaque côté.
Dégustez chaud 😎
Kesra
Farah Keram - Faire son pain.
Évidemment que j’allais vous parler d’un livre de cuisine dans cette newsletter !
J’ai acheté le livre de Farah Keram il y a un an et demi lors de mon séjour ensoleillé à Marseille. Je l’avais trouvé dans la boutique Provisions Marseille (à ce moment-là, je me suis dit que je voulais changer de métier et créer exactement la même boutique vers chez moi sauf que j’habite dans un village de 1500 habitants…). Je suis cette journaliste depuis plusieurs années maintenant. J’aime beaucoup son univers doux, délicat, engagé et poétique. Ce livre est une vraie réussite à la fois dans les photos, les illustrations, les textes et les recettes bien sûr. L’autrice détaille tout le processus de fabrication du pain maison mais elle aborde également le versant politique et sensible du pain. Il est édité chez Ulmer. Je n’ai malheureusement pas encore testé le pain au levain, par manque de temps on ne va pas se mentir. Chez moi, on est devenus accros au Kesra, ce pain à base de semoule et d’huile d’olive qui se réalise très vite et qui embaume la maison comme le dit si bien l’autrice.


Ingrédients :
Pour 2 grandes kesra ou plusieurs minis :
500g de semoule fine
200 ml d’eau
70 ml d’huile d’olive
9g de sel
Dans un grand saladier, mélangez la semoule, l’huile d’olive et le sel. Faites pénétrer l’huile à la semoule en frottant le tout avec le bout des doigts. Ajoutez petit à petit l’eau (en trois fois) et mélangez à la main afin de créer une boule grossière. Goûtez la pâte crue afin d’ajuster la dose de sel. Commencez à pétrir avec énergie à l’aide de votre paume de main, jusqu’à l’obtention d’une pâte qui ne colle pas. Divisez votre pâton en deux afin d’obtenir des boules de tailles similaires. Laissez reposer 5 min la pâte.
En parallèle, commencez à faire chauffer le tajine ou une poêle, qui doit être très chaud pour accueillir les kesra. Badigeonnez chaque pâton d’un mince filet d’huile d’olive puis étalez-les à l’aide de vos mains ou d’un rouleau fin afin d’obtenir des formes circulaires d’environ 1 cm d’épaisseur (vous pouvez les faire plus fines ou plus épaisses).
Posez délicatement la galette sur le tajine bien chaud et piquez-la sur toute la surface à l’aide d’une fourchette. Faites cuire à feu moyen en appuyant sur le dessus avec un torchon et en faisant des rotations afin d’homogénéiser la cuisson. Une fois le côté bien doré, retournez la kesra et procédez aux mêmes étapes que pour la première face.
Pour info, Farah propose un atelier d’écriture culinaire à l’Institut des Cultures de l’Islam dans le cadre de la sortie de son nouveau livre Cuisines d’Afrique du Nord (sortie prévue fin mars). Vous avez quand même de la chance les parisiens !
Ce que j’ai lu, écouté, regardé et aimé ces dernières semaines :
Le podcast La Jeune Rue du studio Nouvelles écoutes. J’ai dévoré l’entièreté des épisodes pendant un trajet en voiture vers Mont-de-Marsan. On découvre l’histoire de Cédric Naudon, un homme soi-disant millionnaire, qui a eu le projet fou de vouloir transformer tout un quartier de Paris en village gastronomique. C’est l’ancien chargé de communication du projet qui prend la parole pour nous raconter ce qu’il a vécu, l’emballement du petit monde de la gastronomie parisienne, et les magouilles de cette personne très riche derrière ce projet gigantesque. C’est assez addictif.
Le dernier épisode de podcast A Poêle avec Priscilla Trâm, la cheffe du restaurant Trâm 130 dans le 11ème arrondissement à Paris (je fais comme si je savais où c’était, alors que pas du tout 😅). Je n’ai jamais goûté sa cuisine, mais son parcours est particulièrement captivant. Elle a eu pendant plusieurs années un autre métier en plus de celui de cheffe, mais pas n’importe lequel : avocate. Elle enchainait donc des journées d’avocate et de cheffe le soir 😵 Clairement, une détermination a toute épreuve et une importante force de travail ! Là, je me suis quand même dit qu’on était pas tous égaux face à notre besoin de sommeil 😅
Un restaurant africain à Bordeaux : Okra. Il est situé dans un quartier où je ne vais jamais (assez chic où les restos peuvent coûter un bras). C’est ma collègue qui m’en a parlé. Je vais très rarement dans des restaurants africains à Bordeaux, j’en connais peu finalement. J’ai été ravie de découvrir la cuisine de Okra, la carte change régulièrement, le jour où j’y suis allée il y avait des classiques de la cuisine d’Afrique de l’Ouest comme le poulet yassa et ou le mafé. C’était vraiment délicieux avec une formule entrée-plat-dessert à 22€ ou 25€. Les plats sont généreux et mention spéciale pour l’accueil très chaleureux avec un petit de 3 ans (j’en parle dans la newsletter d’Ariane Grumbach). Puis, pour les fans de livre de cuisine, le chef est cité dans le dernier livre de Vérane Frédiani.
Un livre que j’ai lu en quelques jours Prisonnier du désert, 711 jours aux mains d’Al-Qaïda de Olivier Dubois. J’avais entendu l’auteur dans une interview sur France Inter complétement par hasard et son récit a attiré mon attention. Olivier Dubois est journaliste, il était correspondant pour le Point et Libération à Bamako. Les sujets autour de la radicalisation, du terrorisme dans les pays anciennement colonisés par la France m’intéressent depuis longtemps. J’ai été plusieurs fois au Mali, et j’ai eu une expérience pas très joyeuse dans le Nord du Mali dans un bus de nuit avec des ami.e.s quand j’avais 19 ans, à une époque où les groupes armés djihadistes commençaient à se multiplier. Le récit démarre à Gao, à l’est, à la frontière du désert. Il est embarqué comme otage par un groupe djihadiste, qui s’avère être de la branche d’Al-Qaïda. Il raconte sa captivité, sa relation avec ses geôliers, ses méthodes pour ne pas devenir fou, ses routines quotidiennes, et comment il continue son travail de journaliste là-bas en plein désert parfois enchainé de jour comme de nuit. Il essaie notamment de comprendre ce qui pousse ces hommes à se radicaliser de manière aussi forte alors certains étaient guides touristiques avant. C’est captivant.
Un spectacle pour les enfants Grrrrr de la compagnie Sylex. Dans mon ancienne vie de responsable adjointe d’un théâtre, nous l’avions programmé, mais à l’époque je n’avais pas d’enfant. J’y suis retournée avec mon fils de 3 ans, il a traversé plusieurs émotions, il a eu peur, il a été surpris, il a rigolé et il a dansé (dans mes bras mais ça compte). Regarder les jeunes enfants découvrir un spectacle est toujours un spectacle en soi 😌
Le podcast Le mot de la faim de Yassir Kabori et notamment l’épisode avec les fondatrices de Salive (micro-voyages gustatifs) : Natacha Sporer & Lola Zerbib. J’étais ravie d’en savoir plus sur leurs parcours, la création de Salive et son développement. Maintenant, j’ai très envie de tester ! C’est un podcast que je n’avais jamais écouté, je le trouve plutôt bien mené, et je suis toujours ravie de découvrir de nouveaux projets autour de la cuisine. Lola a également une super newsletter : un litre d’huile par semaine.
Un article très intéressant sur l’empire de Cyril Lignac paru dans Télérama. Il est malheureusement réservé aux abonnés mais je peux vous l’envoyer si vous le souhaitez. Les journalistes enquêtent sur son business, son attraction pour la notoriété, son intransigeance avec les gens qui l’entoure, et à la fin, on apprend par des témoignages la réalité des conditions de travail dans ses structures parisiennes. A vrai dire, je n’étais pas surprise. Il ne fait pas exception.
J’espère que cette newsletter vous a plu ! Comme à chaque fois, je suis preneuse de vos retours sur insta ou ici 🙂
Chloé
Je suis naturopathe dans une Biocoop alors j'ai la chance d'avoir à porté de main tous les fruits et légumes de saison, bio et locaux pour la plupart. J'ai conscience de mon privilège. Lorsque j'étais étudiante, je travaillais pendant les vacances dans un supermarché. Je trouvais cela fou qu'il y ait des tomates toute l'année... Je peux comprendre que cela trouble les gens, ils ne savent plus forcément quel légume est de quelle saison.
Super sujet qui me questionne aussi beaucoup !
Quand je vivais en France j'essayais au max de consommer de saison (surtout que j'habitais au dessus d'un NOUS anti gaspi et que je suivais simplement ce qu'ils proposaient, si facile...) mais depuis que j'habite au Canada c'est beaucoup plus compliqué d'autant qu'on est obligé parfois de s'adapter aux autres... Par contre il y a vraiment certains aliments que j'arrive pas comme le melon qui pour moi ne doit être mangé qu'en bord de piscine ou sur une terrasse accompagné d'un barbecue et d'un verre de rosé... Ce genre d'ingrédients qu'on associe à des moments en particulier. En tout cas, si je pouvais je le ferais, car je trouve qu'on apprécie d'autant plus l'ingrédient quand on le consomme uniquement en fonction des saisons